Depuis plus de 35 ans, Société Logique oeuvre à la création d’environnements fonctionnels pour l’ensemble des citoyens. En 2018, nous faisons peau neuve vers une nouvelle image de marque au goût du jour. Ainsi, nous gardons le cap sur les projets qui ont fait notre réputation en accessibilité universelle, mais préférons désormais parler en termes plus actuels : parler de design universel. Pour souligner notre nouvel élan, nous avons participé à un nombre d’événements d’envergure depuis l’automne dernier, dont le Sommet mondial de design 2017 à Montréal.
De plus en plus durant les derniers mois, nous constatons que la notion-même d’accessibilité universelle, propulsée par le milieu associatif, a gagné en popularité. Elle est entrée dans le discours des municipalités et des organismes publics, mais reste-t-il qu’elle n’est pas attrayante aux yeux des citoyens et des professionnels de l’aménagement.
L’accessibilité universelle « ne rapporte pas aux promoteurs et est associée aux rampes d’accès et au logo des personnes handicapées, » déplorait notre directrice des services de consultation, Isabelle Cardinal, à La Presse en octobre dernier. « C’est pourquoi, personne ne s’en préoccupe. On se retrouve avec des constructeurs et des acheteurs qui n’en veulent pas et une réglementation qui n’exige rien. »
Le design universel, lui, a une connotation plus large et représente mieux le changement de paradigme que nous tentons de promouvoir. Il fait partie du design durable, inclut les principes d’accessibilité dans les disciplines de l’architecture et de l’urbanisme, et s’applique aux notions de participation sociale, de transport actif et des saines habitudes de vie. S’il est bien intégré dès le début du processus d’idéation d’un projet, le design universel est fonctionnel, mais aussi esthétique. Le design universel est en fait un avantage pour tous les usagers en répondant à tous les besoins, tant ceux de la population vieillissante que ceux des familles avec de jeunes enfants ou ceux des victimes de troubles musculosquelettiques, sans oublier aussi les personnes ayant des limitations fonctionnelles.
Le monde du design est vaste et diversifié. Au fil des colloques, nous avons eu le plaisir de voir à l’action la diversité des domaines d’application du design, dans lesquels il devient un véritable outil pour la transformation de la vie humaine : des domaines plus qualitatifs qui l’utilisent, par exemple, dans la perception sensorielle d’une forêt ou dans l’aménagement d’un jardin où les criquets rappellent des souvenirs à des personnes qui ont oublié leur propre nom ; jusqu’aux domaines plus quantitatifs où le design urbain tente d’améliorer la vie des quartiers à basse densité ou d’utiliser des chantiers de futurs projets urbains pour expérimenter avec des installations éphémères rêvant de transformer la vie d’une ville au complet. Tout en offrant des possibilités de design infinies, nous avons réalisé que le design universel à l’état pur est rarement mentionné par les concepteurs, il reste méconnu et impopulaire. Le milieu du design présente donc des défis considérables en matière de design universel, en l’abordant très peu, même si tous les projets pourraient l’intégrer facilement ou de façon intrinsèque.
Pourtant le « design thinking » se précise dans des domaines d’application variés et pluriels dans lesquels s’inscrit l’approche qui consiste essentiellement à placer l’humain, ses usages et besoins au centre de la réflexion. Le Sommet mondial de design traduisait de manière éloquente cette diversité et complexité d’enjeux auxquels le « design thinking » tente de venir en réponse, en liant design universel et marchabilité, des milieux de vie à échelle humaine et à participation citoyenne, développement et mobilité durable et de nouvelles formes de gestion et patrimoine.
Ainsi, beaucoup de concepteurs se penchent sur le thème d’un design qu’on souhaite universel, que ce soit pour l’inclusion, pour la diversité ou pour le vieillissement de la population. Toutefois, le terme « design universel » brille souvent par son absence, suscitant une perception plutôt péjorative en référence uniquement aux personnes « handicapées », une référence qu’on suppose freine la création. La conscientisation des designers sur les aspects sociaux et environnementaux, la collectivité, le partage des connaissances, font notre bonheur. Que ce soit au Québec ou ailleurs, plusieurs parlent le même langage que nous, plusieurs se préoccupent des défis grandissants de la sécurité routière dans un monde régi par les voitures ou de l’accessibilité des logements face à une population vieillissante, par exemple. Des mots-clés tels que rentabilité sociale, durabilité, Vision zéro, LEED ou WELL sont sur toutes les lèvres, mais pourquoi pas le design universel?
Nous constatons qu’il reste encore du chemin à faire et ce sera notre défi, à Société Logique, de faire avancer notre vision du design universel : un design axé sur l’expérience des usagers qui contribue à notre mieux-être collectif, à la construction d’un monde viable dans lequel toute la population puisse vivre en toute liberté et en sécurité, à toutes les étapes de la vie.
Universellement vôtre,
L’équipe de Société Logique